Etre leader ou être femme : le pouvoir a t-il un genre ?
J’ai passé une bonne partie de ma vie à me planquer sous des TS xxl, puis à me travestir en homme en vain (compliqué la brassière ultra-plat) ou à me justifier de porter une robe en entreprise. J’ai passé une bonne partie de ma vie à surprendre par la douceur de ma voix et l’assertivite de mes propos. Ça n’allait pas ensemble ce caractère affirmé et cette voix, me disait-on. J’ai cru longtemps qu’être une femme ne pouvait pas s’associer à une affirmation de son animus - inconscient masculin. Dualité permanente! Et pourtant j’ai grandi dans un pays où le pouvoir est matriarcal. J’ai vu des mères s’activer du matin au soir, dont la mienne entrepreneure. Je ne jouais pas au barbies sauf quand Ken était de la partie, je préférais grimper aux arbres, fait du cross, de l’escalade. Je continue d’ailleurs à escalader mes rêves un à un.
J’ai travaillé pas mal de soirées derrière deux pots de glace et une tablette de chocolat pour répondre à la surperformance attendue. J’ai parfois renoncé à être présente plus tôt le soir auprès de mes enfants pour répondre aux remarques pesantes de la part de mes managers hommes ou femmes d’ailleurs. Mon rire aussi s’est éteint plus d’une fois. Pourtant, c’est prouvé, le rire est source de déstressant naturel. Quand on parle de performance à longueur de journée, et bien le rire est plutôt libérateur, croyez-moi !
J’ai surpris plus d’une fois par mon efficacité et mon agilité intellectuelle avec mes robes à fleur. Une rose cérébrale. Est-ce si antinomique que ça ? Les présentations PowerPoint sur talons, ça aide à prendre de la hauteur vous savez !
- Etre une femme ne veut pas dire être faible, même si ça commence par la même lettre. Un peu réducteur quand même vous ne trouvez pas? Vulnérable ok. En même temps, quand on s’attaque à vos valeurs profondes comme le respect, l’intégrité et la liberté de penser, je ne sais pas vous, mais mon cerveau reptilien peut se réveiller. Et alors?
- Être femme, certes, c’est assumer une sensibilité et une écoute affirmée de ses émotions, ce n’est pas de la sensiblerie. On sait même écouter les autres, si si.
- Être femme c’est aussi ressentir son environnement de façon plus intuitive.
- Être femme c’est l’anima (l’inconscient féminin jungien) que nous avons tous au fond de nous, cette petite (ou grande) voix que vous avez aussi les hommes sans que cela n’entame votre virilité.
En fait, devons-nous nous justifier d’ailleurs ?
D'être une femme en entreprise, avec notre pouvoir d’agir au féminin ?