Anatomie d'une entreprise: mettre l'intelligence émotionnelle au service de la performance

Et une de plus ! Une personne de mon entourage qui m’appelle cette semaine et qui m’informe renoncer et quitter son entreprise où semble t-il, on ne se parle pas sauf pour mal maîtriser ses nerfs, on ne prend pas le temps de s’expliquer, d’anticiper, d’accompagner, de ressentir. La new gen qui est sur le terrain et prend la relève, c’est cette personne et d’autres millions encore. Qui ont besoin d’entendre qu’une organisation est une somme d’individualités respectées et qu’une vision n’a de sens que si elle est partagée et portée par un collectif.

Les règles de travail changent, 2020 c’est demain, réveillez- vous ! Nous ne sommes plus jugés sur notre agilité intellectuelle uniquement, notre formation, nos compétences mais désormais aussi sur la qualité de notre rapport à nous-même et aux autres. C’est ce que Daniel Goleman appelle le nouvel étalon, qui s’éloigne malheureusement du système éducatif ou pédagogique prépondérant. A travers ce nouvel étalon, les aptitudes intellectuelles sont considérées comme acquises et le savoir faire technique un pré-requis. Il cible a contrario les qualités personnelles et relationnelles qui sont l’adaptabilité, la capacité d’apprentissage, l’esprit positif, l’écoute, l’empathie ou encore la communication visée à convaincre par le sens. Et tant d’autres que vous retrouverez dans le prisme de l intelligence émotionnelle dans laquelle je place la capacité à inspirer la confiance.

Performance et confiance : E=MC2 mon amour

Réfléchissez quelques minutes auprès dans quel cadre de collaboration vous avez le mieux performé en économisant votre énergie psychologique ou mentale?

Je vous laisse y réfléchir mais je gage fortement que ce soit avec un collaborateur qui passe son temps à casser du sucre sur le dos de sa hiérarchie pendant que vous vous évertuiez à trouver du sens à la présentation Power Point à rendre pour avant-hier. Je ne pense pas non plus que cela soit avec celui qui s’est vanté de faire +20% sur sa performance chiffrée individuelle pendant que vous peinez à clôturer vos objectifs de l’année précédente parce que vous avez essayé d’apporter le meilleur service à vos et ses clients ou votre et son équipe dans l’immédiat. Non, je n’encourage pas ici le mépris, le dénigrement de ce collègue, la perte de confiance ou le renoncement, mais plutôt d’être en conscience de et de créer autant que possible cet environnement pour lequel vous sentez intuitivement que vous performeriez le mieux dans une énergie positive.

Alors que certains d’entre nous vont réaliser les tâches qui leur sont confiées sans prendre ce temps de créer de la valeur collective positive, d’autres prendront un instant de réflexion, de se poser avant de s’engager dans des projets qu’ils sauront rendre stimulants, pour un intérêt au sens collectif.

 

 

Vous avez probablement déjà vu ce schéma de Simon Sinek sur la confiance et la performance dans lequel la courbe de la performance supérieure à la confiance démontre une toxicité probablement élevée de l’environnement. La confiance est au coeur des discussions évolutionnistes concernant les organisations et les théories sur le management authentique et bienveillant.

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Ce schéma met en évidence l’importance du collaborateur moins performant seul certes mais tellement inspirant, inclusif et positif pour les autres qu’il sait créer une émulation collective bien plus performante à moyen terme. Pourtant nous sommes encore trop souvent dans le déni au sein des organisations.

 

 

Pour voir grand, nous avons besoin d’inclure les autres sans lesquels nos objectifs resteront petits car individualistes. 

Ne sommes-nous pas à la recherche de l'équilibre, celui qui est plus grand que soi et pour lequel nous devrions tous contribuer ?

#Diversité et l’Inclusion 

Emotion et Pensée : Guerre et Paix

Il n’y a pas de choix à faire entre la performance et la confiance, pas de schisme à fomenter entre QI et QE. Ces deux là ne se regardent pas comme deux chiens de chasse à l’affut du même appât qu’est le résultat, l’objectif, l’équilibre, nommez le comme vous voudrez.

Non, ces deux là ne sont pas opposés et peuvent cohabiter. 

Et oui, nos facultés cognitives qui sont positionnées dans le néocortex (cerveau pensant) sont liées par un circuit cérébral et neuronal à la partie la plus ancienne du cerveau (le sous-cortex). C’est ici que résident nos compétences personnelles et nos émotions, qui participent à l’intuition et au sens commun. C’est ce que Gardner appelle aussi l’intelligence interpersonnelle: " L’intelligence interpersonnelle est la faculté de comprendre les autres : ce qui les motive, leur façon de travailler ou encore comment coopérer avec eux. » C’est « la capacité de percevoir l’humeur , les motivations et les désirs d’autrui et d’y répondre de manière appropriée », « la faculté de discerner ses propres sentiments ». Nous pouvons aussi y associer l’intelligence sociale qui est la capacité à comprendre autrui et d’agir avec sagesse.

Nous aimons souvent dire aux gens "oh toi tu as un QI élevé mais aucune intelligence émotionnelle". Ou le contraire « Elle n’est activée que par les émotions et ne rationalise jamais. D’ailleurs, elle confond bilan comptable et sudoku». C'est une croyance limitante que nous recevons depuis l'enfance à travers le système éducatif, le besoin de mettre les gens dans les cases pour nous rassurer, les stéréotypes du genre humain. Je ne vais pas vous faire l’affront d’écrire que les femmes n’ont pas de cerveau et que les hommes confondent emotion et petit con.

Pourtant, tout comme le processus cognitif, le système émotionnel qui, rappelons-le est apparu bien avant nos capacités intellectuelles dans la théorie évolutionniste de l’Homme, a un sens. 

Demandez-vous à quel moment de votre vie vous avez la sensation d’avoir été le plus en cohérence avec vos pensées, vos émotions et vos actions ? D’être en conscience de vos émotions, à l’écoute de votre intuition sans vous sentir bloqué(e) par cette petite voix intérieure qui vous dit « là mon pote, je me sens pas à l’aise avec ta décision ou ton action ». 

A quoi servent les émotions?

Comment fonctionnent-elles? Pourquoi certaines ne nous semblent pas accessibles quand d autres nous sont récurrentes? Est il possible de maîtriser ses émotions? Le processus physiologique est il le même dans la réceptivité de nos émotions pour chacun des individus?

"Ressentir, c’est être faible ..."
"Quiconque est aveugle à ce qu’il ressent est à la merci de ses sentiments »
"Connais-toi toi-même"
"L'art du combat est de savoir l'éviter "

Rappel de définition : EMOTION (ex-movere) : mouvement hors de

Aristote définissait déjà les émotions, ou pathê, comme « tous ces sentiments qui changent l’homme en l’entraînant à modifier son jugement et qui s'accompagnent de souffrance ou de plaisir » (Rhétorique, livre II).

C’est bien par l’émotion et la façon dont nous la traitons que nous nous mettons en action.

L’accélération technologique nous invite à nous recentrer sur nos potentialités humaines. En effet, nous devenons hyperactifs par nos modes de vie où frénésie et pression ne laissent plus de place au temps de prise de conscience, d’intégration et d’écoute de nos ressentis, de nos émotions. Plus nous nous laissons envahir par la dictature du mental, moins nous nous autorisons à être dans l’instant et dans la conscience émotionnelle. Observez comme il nous est difficile de ne pas penser à plusieurs choses en même temps. Nous passons notre temps à remplir nos agendas, planifier l’action d’après pendant l’action présente. Nous négligeons trop souvent d’écouter les messages de notre corps et d’entendre nos ressentis jusqu’à elles nous explosent à la figure. 

A force d’être dans le déni de ces ressentis qui pourtant voyagent à nos côtés quelques soient nos actions, certains d’entre nous développent un bouclier de survie mentale et deviennent des analphabètes émotionnels ou encore "l’illettrisme émotionnel" que je vous invite à retrouver dans l’excellent article d'Eric Chabot (lien en commentaire), incapables d’exprimer leurs émotions qui demeurent bloquées à l’intérieur, refoulées depuis trop longtemps. 

Dans le cas de l’alexithymie, c’est la confusion des sentiments qui prédomine. Nous ne parvenons pas à qualifier l’émotion ressentie ni à en déterminer l’intensité pour nous éclairer sur une situation. La fameuse intuition, le flair, l’instinct ne jouent plus convenablement leur rôle de boussole intérieure. Pour ceux d’entre nous qui en souffrent, le monde extérieur semble plus riche que celui intérieur.

C’est ici que nous nous retrouvons confrontés aux impacts situationnels (crise d’hystérie, perte de contrôle d’une situation, absence de gestion de ses émotions) et chroniques (psychosomatisations, crises d’anxieté, migraines ..), endogènes et exogènes par la résonance de ce non verbal qui lui peut être en alerte rouge.  Encore faut il y être attentif et en développer les capacités. Nous avons la responsabilité pour le respect de notre propre écologie d’être attentifs à ces messages mais aussi d’être à l’écoute de la fréquence de notre entourage afin de pouvoir interagir au mieux.

En reprenant une des références en la matière sur l’intelligence émotionnelle, je cite Solvey, le Quotient Emotionnel cible ces 5 capacités :

  • la conscience de soi (connaissance de soi et de ses émotions)
  • la maîtrise de ses émotions (gestion et capacité d’adaptation)
  • la capacité motivationnelle (automotivation et fluidité psychologique, capacité à gérer ses pulsions et ses désirs)
  • l’empathie (perception des émotions d’autrui qui est l’une des bases de l’intelligence interpersonnelle). 
  • les aptitudes humaines et relationnelles (aptitude à gérer les conflits, capacité à établir des relations sociales ou encore à organiser des groupes)

Toute émotion ressentie a un rôle. Même la tristesse, qui est pourtant l’une dont nous cherchons à nous libérer le plus rapidement possible à un sens. Elle nous oblige à nous extraire et à rentrer en introspection pour mieux traverser une perte et réorganiser nos ressources psychologiques, seul(e) ou accompagné(e). Elle se lie souvent à la solitude, que nous fuyons et qui pourtant peut être source d’inspiration extraordinaire dans le processus d’action qui fait suite.

Parmi les émotions les plus fréquentes, nous rencontrons la peur, la colère et la tristesse, fortement encouragées par notre environnement.

Derrière ces récurrences, savez-vous quel est votre besoin fondamental – sécurité, identité, quête de sens-  qui s’y cache?
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Dans la palette des émotions, je vous propose aussi d’y inclure la joie, le désir et le dégoût. Certaines théories rajoutent aussi la surprise. Mettez-y les mots que vous souhaitez mais de grâce, ne vous cachez pas derrière des émoticônes et soyez en conscience de ce que vous ressentez. Vivons, partageons, transformons!

Emotions et dérives : notre conscience émotionnelle

La logique de l'esprit émotionnel est associative, c est à dire que la perception que nous avons de la réalité devient la réalité. Il n’y a pas de frontière entre perception et réalité subjective. C’est d’ailleurs ici que notre intelligence rationnelle revêt son importance et que nous évoquons l’aptitude à maîtriser ses émotions et à être dans la responsabilité du ressenti et non du vécu réel.

Cette logique de coeur est décrite par Freud comme le processus primaire enfantin de la pensée (rêves, mythes, psychoses). La psychanalyse a d’ailleurs parmi ses enjeux celui de décrypter ces processus de substitution de sens.

L’important est le perçu et ce que l’objet nous évoque. L identité d'un objet apparaît comme un hologramme dans le monde des émotions. Plus le cerveau est enfantin, plus les émotions sont fortes. Il est d’ailleurs souvent difficile de faire entendre raison à quelqu’un qui est trop perturbé. La réalité dépend donc de notre état affectif de l’instant. 

Je vous invite à ne pas confondre ici la gestion des émotions au stade enfant (analyse transactionnelle) et les émotions de notre enfant intérieur (le plus proche du noyau ou du Soi véritable).

En référence aux Quatre Accords Toltèques, compte tenu de cette subjectivité, n’en faisons pas une affaire personnelle et travaillons sur cette connaissance de soi avant d’interpréter une information et de la transcender en action arbitraire. 

Transcender…

C’est un des precepts que je m’évertue à mettre en pratique dans ma vie de tous les jours. J'admets humblement que c'est loin d'être un exercice facile. Mais comme toute décision de transformation personnelle, nul besoin de baguette magique, la constance, la consistance et la persevérance sont à notre portée. Ce que nous entendons par emotional empowerment ou transcender nos émotions, relève de l’intelligence emotionnelle. En pratique, cela consiste à être en conscience d’une situation par le ressenti de nos émotions au-delà du mental, les accepter en posture d’adulte responsable et non de victime, en déterminer les effets ainsi que la source endogène et non pas uniquement exogène, les intégrer dans notre processus de décision avant action. Ce processus intérieur reste accessible tout comme notre intuition.

Je vous propose à la lecture de ces mots de commencer par cette simple question si vous pensez en avoir les ressources suffisantes, à vous poser à vous-même et à votre collaborateur(trice), voisin(e), ami(e), conjoint(e), proche, enfant :

Comment JE me sens ici et maintenant ?

@By Anna Pirbay