Résilience intergénérationnelle

Si vous avez connu vos parents, grands-parents ou arrière grands-parents, si vous êtes vous-même parents, si vous vous posez des questions sur la transmission familiale, cette phrase résonnera pour vous.

En cette période

où le lien intergénérationnel est gouverné par une autorité extérieure,

où on voit disparaître nos proches sans avoir la possibilité d’en faire le deuil,

où nos émotions sont lentes à remonter tandis que nous sommes connectés paradoxalement à l’hyper rythmicité environnementale et digitale,

Où on développe un illettrisme émotionnel pour s’éviter une souffrance apparente ou la confrontation à nos peurs

Où on confond individualisme et individualité,

Où la perte identitaire bat son train face à la mondialisation et l’esprit corporatif,

Où le déni de soi produit un conflit entre être et avoir

Il me semblait important de partager avec vous cette réflexion d’un autre temps.

Que je vis avec mes clients en conscience et intérieurement, oscillant entre écologie de soi et déterminisme familial voire inconscient collectif.

Comme j'aime mon métier. J'aime voir sur vos visages cette surprise de vous sentir vivants, réels, aimés, surpris d'avoir tant reçu de vos ancêtres, pas que le mauvais, pas que le bon, pas que la vie, ce simple fait de RECEVOIR contient toute une promesse d'avoir une place qui est la vôtre.

Je vais me dévoiler encore un peu, vous raconter un bout de cette histoire que je perçois en chacun, chacune de vous. Chaque JE résonnera sans doute pour vous. Ce serait alors une merveilleuse alliance entre vous et moi, le temps de cette connexion.

Je n’ai pas connu mes grands-mères très longtemps, nous avons quitté Madagascar pendant mon adolescence. 

 

J’ai d’ailleurs découvert que ma grand-mère maternelle malgache nous a quittés le jour de ma fête un 26 juillet. Un signe de transmission ?

 

Des souvenirs qu’il me reste de cette femme qui aura créé un puits dans son village, ce sont les paroles de sagesse qu’elle me transmettait, les tataras (histoires) aussi parfois qui emballaient mon imagination. 

Fille de la brousse des années 20, elle n’est pas venue nous rendre souvent visite. Je garde ce souvenir de son regard bienveillant, pieux et sage, très humble face à la langue française qu’elle ne maîtrisait pas et à son chemin de vie peu normé. Dans l’ombre de son mari Préfet et qui aura pourtant tant transmis à sa fille, ma mère, née d’une première union illégitime. Dans un contexte de lutte de classe et de culture.

Je garde le souvenir des légendes qu’elle nous racontait avec des pierres et puis les osselets qu’elle m’avait appris à jouer.

Ma grand- mère malgache, dont j'ai décidé de porter le nom était très discrète vous l’aurez compris, tout le contraire de ma grand-mère indienne qui elle, se faisait entendre à des km. Ce petit bout de femme aura construit tout un empire à elle seule, veuve à 30 ans et révolutionné les codes sociétaux. Sacrée grand-mère qui s’est construite un égo pour contrer un monde résolument masculin, trop dur, pas assez tendre.

De ces femmes extraordinaires l’une comme l’autre je suis. Un peu d’elles un peu de mes grands- pères que je n’ai pas connu mais qui me passionnent tout autant. Et puis un peu de mes parents dont je porte l’ADN aussi et enfin un peu de ce MOI que je construis avec  l’expérience et l'épigénétique.

JE SUIS. Drôle de phrase qui se termine par un point alors qu’au fond je mettrais bien parfois un point d’interrogation ?, parfois un point d’exclamation ! Voire ces fameux ...

Mouvement continu d’apprentissage et d’élévation. Je ne suis déjà plus la même la seconde d'après. Notre diamant intérieur se polit ou s’abrupt selon nos évènements de vie mais sa pureté reste intacte.

La loi de transmission est puissante. Ces racines pour rien au monde je les nierai elles me rappellent d’où je viens. Et me guident vers une meilleure version de ces ancêtres que je porte. Une meilleure version d’une identité familiale qui se construit avec le temps. Je porte leur chemin dans mes veines, leurs peurs et leurs regrets mais aussi leurs forces et leurs potentialités. Je porte dans chacun de mes rêves, chacune de mes respirations leurs rêves avortés, leurs respirations coupées, leurs actes manqués. Cette connexion à l’invisible qui n’a d’équilibre que l’ancrage.

Je ressens cet élan magnétique et m’autorise à devenir une meilleure version en conservant ce droit à l’erreur qu’eux s’interdisaient. Parfois j’aimerais tout recommencer et puis raisonnablement ou follement je me dis mais tu ne serais pas qui tu es sans toutes ces folies et ces essais. Orgueilleuse et humble à la fois.

Cette année des 40 ans, je me sens aussi audacieuse qu’à 20 ans avec une âme de 80 ans. Alors je les vois, ces aïeux, à 20 ans, 40 et 80 ans. Je devine leur sourire attendri par tant d'optimisme, comme une urgence de vivre.

 20% de réussites et 80% d’apprentissages. Un pareto avec 100% de défis relevés.

Un bout de vie déjà ridé et rempli de promesses à la fois. Je vous vois sourire derrière votre écran. Je divague, me direz-vous ? La jeunesse d'aujourd'hui n'est plus celle d'antan. Pourtant, elle se rejoint à travers tant de générations résilientes, quelques soient nos consciences, nos origines, nos cultures, notre groupe sanguin, bleu, rouge, noir.

Parfois le corps prend la relève des blessures émotionnelles déniées. Alors ces jours-là, je m’apporte cette tolérance propre aux personnes sages. Ce regard que ma grand-mère et ma mère me portaient et je me sens puissante à travers mes larmes. Ce même regard tendre que je porte à mes enfants. Cela ne dure pas longtemps, je suis mouvement et eau.

Ce JE en TOI qui devient NOUS parce que tu me vois

Ma mère me disait tu verras quand tu seras grande ce temps passera si vite que tu voudras le ralentir.

Je me vois le répéter à mes enfants qui disent s’ennuyer si souvent. Transmission ?

Au temps ou autant en emporte le vent. Ce temps, fabrique d’ illusions et de rêves. Ralentir ce temps et le vivre en conscience du présent. Parce que demain est incertain, seul aujourd'hui est la somme d’hier et de ce qui n’est pas encore. La promesse de l’impossible, étant bien humaine, je persisterai.

Quand je regarde derrière, je me dis que je n’ai jamais été aussi bien accompagnée par la vie et mes ancêtres.

Quand je regarde le chemin à venir, je n’ai jamais été aussi bien accompagnée que par moi-même, remplie de cette résilience transgénérationnelle.

Merci d'avoir pris ce temps de lien. Chaque seconde qui vous connectera à votre vérité du SOI vaudra mille éternités.

Prenez soin de vous en énergie et lumière.