Lettre à mes grands parents

𝐋𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐚̀ 𝐦𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐬-𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐭𝐬 
 
𝐂𝐡𝐞𝐫𝐬 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐬-𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐭𝐬,
 
Vous mes grands-pères que je n’ai pas connus, disparus trop tôt laissant une blessure béante au cœur de mes parents,
 
Vous mes grands-pères dont je porte plus que le nom, l’empreinte indélébile d’un masculin blessé, parti trop vite, tour à tour abandonnant et idéalisé 
 
Vous mes grands-pères qui m’apportez cet attrait particulier pour l’écriture que l’on retrouve dans les anciennes civilisations harappéennes,
 
Vous mes grands-pères qui pesez le poids du silence dans mon arbre généalogique par une blessure d’injustice non réparée
 
Vous mes grands-pères qui portez une mémoire d’exil et de perte de foyer originel 
 
Vous mes grands-pères qui m’avez transmis le goût de l’aventure et de la conquête 
 
Comme j’aurais tant aimé vous dire merci, vous écouter me raconter votre vérité face aux non dits qui circulent au delà des frontières 
 
Comme j’aurai aimé sentir votre regard silencieux, généreux et protecteur 
 
Comme j’aime croire que si vous aviez été là plus longtemps, certaines choses auraient pris un autre sens, le sens d’un ordre rétabli 
 
Aujourd’hui il ne me reste plus que mon coeur d’enfant qui rêve de voir qu’au-delà du temps, l’amour reprend toujours sa juste place.
 
A vous mes chères grand-mères, 
 
Vous mes grand-mères, femmes inspirantes, opposées dans votre posture, uniques dans vos forces et singulières par vos parcours de vie. 
 
Vous mes grand-mères, qui m’avez transmis le défi de l’adversité et de l’humilité,
 
Vous mes grand-mères qui aujourd’hui encore imprégnez ma lutte pour les droits des femmes 
 
Vous mes grand-mères dont l’individualité s’est faite au détriment de la norme,
 
Vous qui avez hurlé en silence vos souffrances et inhibé vos joies,
 
Vous mes grand-mères, qui m’avez guidée vers mon autonomisation, appris la puissance de la sagesse et l’injonction du pouvoir,
 
Vous dont le féminin n’a pu s’exprimer que dans la douleur de l’enfantement et l’enfermement de la maternité, m’aurez appris à ne pas renoncer à l’amour. 
 
Merci, Mamabe, Ma, de m’accueillir dans la grandeur de vos maisons, de me guider pour en préserver les fondations et transcender l’inabouti, conquérir l’inaccessible, cultiver cette multiculturalité, tendre les bras à l’universalité, dépasser l’absolu.
 
"𝐋𝐞 𝐟𝐮𝐭𝐮𝐫 𝐚𝐩𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐚̀ 𝐜𝐞𝐥𝐮𝐢 𝐪𝐮𝐢 𝐚 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐥𝐨𝐧𝐠𝐮𝐞 𝐦𝐞́𝐦𝐨𝐢𝐫𝐞."
 
Chers grands-parents, aujourd’hui, par cette lettre, je désire vous rendre hommage. Je n’oublie pas d’où je viens, je n’oublie pas le chemin que vous avez traversé, les peurs que vous avez vécues, les espoirs qui vous ont portés. Je vous porte dans mes cellules, dans ma mémoire, à travers les temps.
 
 
                          𝐕𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐞𝐭𝐢𝐭𝐞 𝐟𝐢𝐥𝐥𝐞 

                                  𝐀𝐧𝐨𝐮𝐜𝐡𝐤𝐚 

                        𝟐𝟐 𝐨𝐜𝐭𝐨𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟐, 𝐂𝐨̂𝐭𝐞 𝐝'𝐀𝐳𝐮𝐫