« Encore une nana sans cervelle ! »

 

« Encore une nana sans cervelle ! »

« En vous voyant, je me suis dit "encore une jolie nana sans cervelle" et je me suis trompée, je vous prie de m’excuser car je ne m’attendais pas à ce que vous alliez me transmettre avec autant de simplicité et j’ai beaucoup appris. » Voilà le témoignage d’une jeune femme venue m’aborder à la fin d’une de mes conférences sur la cohérence identitaire. Recevez jeune dame ma reconnaissance pour votre authenticité et votre feedback courageux.

Il y a quelques jours, j’ai passé un coup de gueule face aux propositions indécentes et insistantes que je reçois parfois sur les réseaux sociaux (pro et perso) et j’ai pu lire en commentaire de soutien : « c’est normal tu es une jolie femme » ou encore « il ne faut pas s’étonner avec tes robes colorées ».

Wow, wow, wow ! Vais-je me taire une fois de plus ? Voilà encore une occasion en or pour affirmer ma position sur le sujet de la parité et du respect.

Non, ce n’est pas NORMAL.

Être une femme et avoir droit à l’erreur

Ce feedback lors de mon pot de départ d’une ancienne collègue qui se voulait bienveillante : « tu sais, je ne suis pas surprise que tu t’en ailles parce qu’avec ton triplé Bienveillance, Féminité et Intelligence, tu faisais de l’ombre et certaines ici attendaient un faux pas de ta part pour te mettre la pression. » La Sororité, c'est un concept ?

Sois belle et tais-toi !

Ce commentaire d’un de mes anciens managers avant une réunion stratégique Achats : « Tu n’auras qu’à être belle et te taire, je m’occupe de la nego! »

Désolée, mais dans Q.I., le I n’est pas une option chef !

Ce message sur LinkedIn aussi: « vous êtes plutôt jolie et laissez transparaître une grande sensibilité. Cela doit vous desservir pour avoir des contrats en entreprise non ? »

D’autres qui vont au contraire me remercier et m’encourager. Pourtant, j’envoie les mêmes messages qui seront perçus différemment selon ceux qui les reçoivent. Intéressants ces biais inconscients !

Sans faire preuve de pensée réductrice, si j’avais été un Homme, aurais-je vécu la même chose ? Cela me coûte d’écrire ça mais 3 lettres se forment instantanément : pensez-vous que c’est OUI ou NON ?

Cette violence pour le pire sous couvert du meilleur, venant d’Hommes et de Femmes, à mon égard et à l'égard de collaboratrices en ma présence, est une des raisons principales de ma distanciation nécessaire avec l’entreprise en 2019, ajoutée à la carence émotionnelle de l’organisation. Le cocktail Harcèlement sur le Genre et Absence de Courage Managérial a eu raison de mon inconditionnel optimisme quant à l’entreprise, potentielle source d’épanouissement.

Après une nécessaire prise de recul pour accéder au dépassement et à la maturité, il me reste une immense gratitude, presqu’une espèce de tendresse pour le monde calfeutré du monde Corporate, qui m’a enrichie humainement, m’a donné l’opportunité d’exceller, de me challenger et de mettre mes compétences au service de mes clients, internes et externes. De me construire aussi socialement et identitairement. Aujourd’hui, me mettre au service du leadership féminin et des Organisations à travers la conscience collective et identitaire est une façon de rendre ce que j’ai tant reçu au-delà de ces obstacles.

 

 

« Il suffit d'un atome pour troubler l'œil de l'esprit. ”

William Shakespeare

L’image que nous renvoyons peut nous servir ou nous desservir. Dans tous les cas, malgré sa fugacité, elle marquera votre interlocuteur dans ses choix futurs. Elle fixera ce qu’il pense de vous. Aujourd’hui encore, avec ma prise de position, des portes se fermeront, d’autres s’ouvriront.

Des commentaires sur ma couleur de peau aussi que je reçois depuis mon début de carrière ou dans ma vie personnelle : mon premier entretien pour un stage dans un grand groupe d'Hygiène et Sécurité où le manager me dit en me voyant ( je n’avais pas mis de photo sur mon CV) d’un air de dégoût : « Ah non il y a erreur Mademoiselle on ne va pas pouvoir vous recevoir. » Sans me laisser passer l’entretien. J’avais 20 ans et venais de traverser toute la région parisienne dans le fameux rer B. Professionnellement, ce gentil Monsieur a donné le La. J'ai eu la chance de croiser parfois sur ma route des gens que l'Africaine n'a pas fait peur. Merci Mamabé.

Et puis un exemple sur une longue liste dans ma vie personnelle : la mère d’un de mes anciens compagnons qui me rencontre pour la première fois en ouvrant la porte à son fils « oh mon dieu, QU’est-ce que tu nous as ramené encore ... »

Il y a des mots qui vous marquent ! Mais je vous rassure, ce fut une belle histoire ! Mes parents aussi dans l’autre sens ont parfois fait des remarques extrêmement blessantes.

L’affaire serait-elle perdue d’avance ? Nous serions ainsi le vilain de quelqu’un et le beau d’un autre. Sommes-nous voués à être toujours l’étranger de quelqu’un ? Dormez l'esprit transquille mon cher Camus.

Ce grand inconnu connu et non reconnu

Derrière la sectorisation, ce sont des souffrances non libérées (certains faits laissent des traces sur de nombreuses générations) et des peurs de l’inconnu. INCONNU avec un grand I. Peurs Sournoises. Inconscientes ou Assumées.

De toute façon, c’est peine perdue, me direz-vous, notre cerveau est conservateur !

Le cerveau ne faisant pas la différence entre fantasme et réalité, le changement des mentalités a de beaux challenges devant lui. En m2, chaque phrase de jugement discriminatoire sur le genre féminin dirigée à mon égard ou entendue de la part de mon entourage, personnel comme professionnel, remplirait la muraille de Chine aujourd’hui.

Le système régalien en est engorgé. Terrible pour la transmission et le respect des Droits Humains. Selon vous, comment le Roi des Francs a-t-il réagi au passage de l’Euro ? (Merci Olivier Debenoist pour cette perle).

Ces personnes-là n’auront pas pris la peine de se demander si nous avions autre chose à proposer qu’une apparence physique. Que nous soyons blancs, noirs, caramels ou Vanille, handicapés, hommes ou femmes, en somme, si la référence inclusive est physique pour l’Autre, à quoi ça sert de perdre une énergie à se justifier d’exister tel/le que nous sommes ?

La raison n’est jamais parvenue à changer une croyance ou une valeur bien ancrée,  l’émotion peut-être, l'ouverture du cœur sûrement.

« La vie en elle-même est une toile vide, elle devient ce que vous peignez dessus. Vous pouvez peindre la misère, vous pouvez peindre la joie. Cette liberté est votre splendeur. La plus grande peur dans le monde est celle de l'opinion des autres. »

Ainsi, la première chose qu’on regarde commence bien par notre apparence physique, quoiqu'on en dise. Vous êtes trop petit, trop jeune, trop grand, trop vieux, pas assez musclé, trop bronzé, bien trop tatoué, trop sensible, bien habillé, trop coloré, un regard trop fatigué, trop ci ou pas assez ça, il vous manque un bras ou une jambe ou vous êtes tout simplement UNE FEMME ... et hop vous voilà dans une case qui va réveiller un biais inconscient, une certitude ou une peur chez l’autre. Retournez à la case départ. Oui, le nouveau départ.

Réification ou humanisation ?

Pour notre défense, nous demeurons des êtres émotionnels aux biais qui se construisent au fil karmique. Nous serions donc résolument humains dans notre volonté de fixer l'autre dans un portrait sécurisant pour nos neurones?

Dans cette minuscule question, c’est un immense voyage qui se dessine entre deux êtres. Une rencontre entre celui qui regarde et celui qui est regardé. Et puis il y a aussi l’instant, la situation, le passif, l’historicité.

Celui qui regarde voit sa vérité dans une réalité apparente. Celui qui est regardé peut renvoyer son histoire ou juste un bout de celle-ci imprimée dans un décor à l’instant T. L’autre va être figé dans une toile émotionnelle.

Tout est juste. La question qui subsiste : sommes-nous capables et avons nous envie d’aller plus loin que ce filtre créé par notre propre réalité ?

Etre une femme qui s'affirme dans ses Droits en 1796 dérange. En 2020, elle dérange encore.

En 2050, l’ouverture du cœur et de l’esprit deviendra-t-elle enfin la première chose que l’on regarde ? « I have a dream… » Rêver, c’est bien parfois tout ce qui me reste.

La relation à l’autre dans la vérité

Être dans Une vérité relationnelle n’a de sens que si elle est partagée à travers l’écoute et la profondeur.

« Tout le monde juge par l'extérieur : il est trop peu de gens voyant jusqu'au fond et qui ne se laissent point prendre aux apparences. ” Pierre-Jules Stahl

Dans cette rencontre personnelle ou professionnelle qui dure une seconde ou une éternité, il y a deux histoires qui se percutent ou se reconnaissent. Décidons quelle signature nous allons poser en bas du portrait de cette chose qu’on regarde et mettons-y de l’humanité, de la vie. Quel choix de conscience faire pour se préserver soi : Reconnaître une part de l’autre en soi ou rejeter cette part de l’autre en soi ? Accepter qu’au-delà de cette première image que cette autre nous renvoie, il y a un voyage qui mérite sans aucun doute d’être découvert.

Qu’en pensez-vous ? Avez-vous connu des situations similaires où vous avez eu l’impression d’être réduit(E) trop souvent à peu de choses apparentes ?

Qu’avez-vous ressenti alors ? L’infiniment petit quand vous êtes infiniment plus que ça.

Connaissance de soi et Confiance en soi

LE JUGEMENT LIMITE. Parfois IL TUE. Une vie, un cœur, très souvent des estimes de Soi brisées. Que le chemin est long !

Se détacher du regard des autres, accepter que nous puissions renvoyer autre chose que notre intention et avancer sans perdre confiance sont des prérequis à l’alignement identitaire. Découvrir et accepter que vous ne pouvez pas plaire à tout le monde est signe de confiance en soi. Vous seul savez au fond pourquoi et POUR QUOI. Se justifier est une sacrée perte de temps non ? Sauf pour les personnes qui vous importent. Dans ces moments-là il est plus difficile de faire preuve d’objectivité, je vous l’accorde. Bonne nouvelle, les mots Communication, Bienveillance et Empathie ont obtenu le prix Nobel de la Paix et sont traduits dans toutes les langues.

Être en conscience que, derrière tout jugement trop rapide subi, il y a la peur que vous renvoyez certainement à l’autre, vous permet de prendre du recul et d’embrasser les émotions qui vous traversent. Vous ramène à faire preuve de ce même regard bienveillant que vous aimeriez aussi sur vous face à l’autre. Et puis vos propres peurs qui résonnent.

De l’importance de se connaître car la première chose qu’on regarde vraiment c’est nous en l’autre. 

Merci de m'avoir lue et pour votre soutien en éveillant les consciences. Prenez soin de vous en énergie et lumière et aimez-vous résolument humains.


Femme de couleur

https://youtu.be/EsCy_eSN9gM