𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐢𝐦𝐞̀𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐩𝐚𝐧𝐭𝐚𝐥𝐨𝐧 peuvent-ils 𝐩𝐫𝐞́𝐝𝐞́𝐭𝐞𝐫𝐦𝐢𝐧𝐞𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐝𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧𝐞́𝐞 ?

J’aurais dû être un garçon. Ce sentiment de mal amour aurait-il trouvé réponse si ce chromosome Y avait pointé son nez ?

Des mêmes parents, nous n’étions que des filles. Retour de couches, je n’étais pas prévue. Être née troisième fille fut sans doute une déception. La suite fut le drame de notre famille.

Devenant des parents occasionnels du week-end, ils auront fait de leur mieux en investissant sur leur travail pour faire vivre cette tribu. Quel courage face à ce qui ressemblera à une malédiction transgenerationnelle !👏🏻

Issue d’une grande famille légitime, illégitime, c’était le bazar. Les enfants prenaient de l’espace. Ils avaient raison. C’était à mes parents de pousser les murs de leurs cœurs, pas aux enfants d’en ramasser les miettes affectives.

J’ai dû m’adapter pour trouver ma place. Me faire toute petite, être un garçon manqué pour mériter un amour différenciant. Ne plus faire partie de cette liste de numeros jusqu’à ce qu’on appelle le bon prénom.

Je m’évadais dans les livres, les cabanes et les arbres. J’aimais les bosses, les bleus et les ballons.

La puberté fut une étape douloureuse de privations et de résignations.

J’avais d’excellents résultats scolaires pour ne pas décevoir. Être fille était dramatique. Il fallait au moins paraître intelligente. Mais ce ne fut jamais assez.

L’école, lieu de stéréotypes genrés, ne m’intéressait pas. Je rêvais d’ailleurs pour trouver ma place.

Notre mère, lorsqu’elle était là, était occupée à gérer la logistique domestique. Les rares conversations avec elle portaient sur ma posture, mon comportement. Héritage du savoir être qui me guide aujourd’hui. Merci Maman 🤍

Il fallait que je me tienne bien pour ne pas donner l’occasion aux gens de parler. Rentrer dans le moule, s’intégrer.

Naître fille non désirée métisse illégitime fut un cadeau pour commencer dans la vie.

Être un garçon dans la société semblait apporter certaines libertés : Sortir librement, choisir son métier, discuter de sujets stratégiques, politiques, porter de grandes responsabilités, avoir droit aux plaisirs, choisir la personne à aimer, voyager.

J’avais compris qu’être née fille privait dès la naissance de certains droits, pouvait tuer, amplifiait la liste des soumissions et que l’injustice commençait ici.

J’ai cru que c’était la faute au genre. Pourtant, la société n’en était pas moins responsable de ce gâchis monumental de rêves.

Plutôt que de chercher à changer la nature des Hommes qui est bien faite, c’est bien la question des mentalités qu’il faut mouvoir.

Plutôt que de liguer les uns contre les autres, c’est bien ensemble, ouverts et lucides que la vie est plus belle.

Amputée de quelques cm je suis ? NON

Remplie d’une détermination à faire bouger les lignes je me sens ? OUI

Tout est possible.